Dans le monde de la Mode, l’écologie est plus que jamais présente dans toutes les têtes, et les différents acteurs rivalisent pour se montrer les plus verts possible. Les dernières FashionWeek en sont un bon exemple, avec de plus en plus de créateurs utilisant cette tribune pour faire passer un message écologique. Retour sur ces différentes prises de positions et ce qu’on peut en dire.
Des promesses à n’en plus finir…
La prise de conscience écologique a démarré en grandes pompes, avec 32 géants de la mode présentant le « Fashion Pact » en marge du G7. Une initiative de grande ampleur visant à fixer des objectifs communs pour tous les acteurs de la mode. Ces objectifs visant à réduire l’impact environnemental du second secteur le plus polluant au monde.
À leur échelle, beaucoup de créateurs ont également essayé de sensibiliser à la question environnementale. Par exemple, le designer Francesco Risso a décidé de n’utiliser que des tissus récupérés pour faire la collection qu’il a présenté à la FashionWeek de Milan. Il y a également le créateur Romain Tiziano Guardini qui réalise des collection durables. Il existe de nombreux autres cas, et un grand nombre d’acteurs semblent avoir compris les enjeux en cours et essayent de changer à leur échelle.
… et réalisables ?
Bien sûr, les promesses à petite échelle sont aisément réalisables. Et avec la « fast-fashion », tous les créateurs pourraient utiliser du tissu récupéré pour réaliser leurs collections. Mais certaines initiatives vont plus loin que cela et promettent des actions toujours plus ambitieuses.
Pour ce qui est du Fashion Pact, on peut saluer l’initiative de regrouper autant d’acteurs de la Mode dans un projet aussi ambitieux. Le pacte prévoit par exemple d’arriver à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030 à travers leurs propres opérations. Si l’intention est louable, on a eu mal à voir comment ils parviendront à cet objectif. Ce projet est réaliste, mais il demanderait des efforts logistiques considérables. Il faut rappeler qu’en France, les énergies renouvelables représentent 10% de ce que nous consommons, et l’électricité est principalement produite par les centrales nucléaires, donc non renouvelable.
Sans investissements colossaux dans les énergies renouvelables, on a donc du mal à voir comment le secteur de la Mode parviendra à atteindre cet objectif, qui reviendrait à se passer d’électricité et d’essence.
Et si on veut être pointilleux, on pourrait parler également dire que la Mode devra se passer d’utilisations indirectes du pétrole, comme le plastique par exemple.
Le Fashion Pact prévoit également d’arriver à une neutralité carbone d’ici 2050. La neutralité carbone signifie ne pas produire plus de CO2 que la planète ne peut en absorber, c’est-à-dire 3 milliards de tonnes à l’échelle planétaire.
Avec une population mondiale actuelle de 7,55 milliards, cela veut dire que chaque personne ne pourrait produire que 390 kilos de CO2 par an pour arriver à une neutralité carbone.
En France, la production de CO2 est de 4,38 tonnes par an et par habitants. Cela veut dire que pour atteindre la neutralité carbone, chaque français devra réduire ses émissions par 11 ! Cela vous semble impossible ? Alors imaginez l’état des USA qui auraient à réduire leurs émissions par 38 !
Et ces calculs ne sont valables qui si la population reste stable, car si les prévisions de 10 milliards d’humains pour 2050 se réalisent, la France devra réduire ses émissions par 15 et les USA par 50 !
Dans ces conditions, on se rend compte que cet objectif ne sera pas facile à atteindre. Les solutions pour réduire les émissions en CO2 existent, mais comme pour les énergies renouvelables, elles demanderont des investissements considérables et difficilement chiffrables. Heureusement, les solutions face à ces deux problèmes sont similaires, et le monde de la Mode pourra faire d’une pierre deux coup en réduisant son impact carbone et en utilisant moins d’énergies fossiles, notamment en privilégiant les circuits courts.
Des solutions adaptées aux enjeux actuels ?
Au cours du XXIe siècle, les principaux défis de l’humanité seront de se passer d’énergies fossiles et de réduire leurs émissions carbones. Le Fashion Pact semble donc répondre parfaitement aux enjeux du moment.
Rappelons quand même que si nous ne faisons rien, les scientifiques les plus optimistes s’accordent autour d’une augmentation de température de 4° en moyenne d’ici 2100, ce qui changera drastiquement les conditions de vie sur terre.
Toutes les initiatives sont donc bonnes à prendre pour éviter le pire, quelles soient grande pour petites. Donc que ce soit pour les créateurs indépendants ou pour les initiatives d’envergure comme le Fashion Pact, nous leur souhaitons de réussir à se changer et changer le monde autour d’eux.