Une vision unique
Impossible de parler de Yiqing Yin simplement comme d’une styliste. Plus encore que de mode, elle est passionnée de matière. Elle ne travaille pas derrière sa table à dessin, une multitude de crayon de couleurs en face d’elle, prête à imaginer ses collections et à les coucher sur le papier. Pourquoi ? Parce que son travail est instinctif et s’imagine directement sur la matière? Son vêtement se conçoit comme une armure, une seconde peau qui protège et renforce. Yiqing Yin travaille avec ses mains. Un rectangle de tissu, comment il bouge, tombe, s’enroule. Les formes se dessineront d’elles-mêmes, trouveront leur équilibre entre tension et flou pour mieux dessiner le vide atour du corps. On comprend mieux pourquoi Yiqing Yin s’imaginait sculptrice.
Yiqing Yin, une femme au parcours atypique
Née en Chine, Yiqing Yin quitte son pays très jeune pour l’Australie, puis la France où elle étudiera à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Elle gagnera très vite la reconnaissance de la profession qui voit en elle le futur de la couture, Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, parution dans Vogue, exposition à la galerie Joyce. Puis le prix de l’ANDAM en 2011 avec sa première collection. Elle accède au calendrier officiel de la haute couture en tant que Membre Invité en janvier 2012, Guerlain, Cartier et Lancôme lui commandent des créations pour des publicités. Audrey Tautou portera une de ses robes à la Cérémonie d’ouverture de la 64ème édition Festival de Cannes.
Aujourd’hui, elle est chargée de redonner un second souffle à la maison Léonard amenant son énergie et son travail de la matière pour une nouvelle femme nomade et moderne, sans abandonner ses propres collections couture mais aussi prêt-à-porter qu’elle voit comme une synthèse de sa marque.
En constante expérimentation
Ainsi, depuis 3 ans, sa maison bouleverse les codes de la couture et fait souffler un vent nouveau. Une expérimentation du vêtement dont ses inspirations proviennent de l’architecture du corps humain, du monde de la nature et de ses métamorphose. Ne rien figer, mais plutôt déstructurer, déchirer. Partir de la matière, laisser le mouvement l’envahir, mixer qu’elles soient naturelles ou technologiques. Pour la collection Été 2015, elle s’est attachée à travailler la technique du Jacquard à partir d’images de lichen, murs défraîchis, mais aussi de broderies mélangeant la soie et le Lurex, le tout sur le fond de techniques origamis soulignant son attachement à l’architecture organique. La structure du vêtements n’est jamais figée, les volumes semblent comme en mutation , en mouvement perpétuel pour une femme emplie d’un certain paradoxe, entre sensualité et violence, rêve et rigueur, qui porte le vêtement comme une armure molle.
Yiqing Yin créé un univers passionnant qui redonne à la mode sa beauté quelquefois perdue. Ses créations amènent de la grâce, de la force au travers des lignes tendues rappelant l’architecture et une indéniable poésie du mouvement. Un travail expérimental, presque anarchique, qui donne un merveilleux imprévisible.
Credits photo : ©poiret